Page:Journal de l’agriculture, du commerce et des finances - septembre 1765 - T2 - Part 1.djvu/63

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de cette liberté, qui lui est si chere ; qu’il bannisse l’ignorance, qui est la principale source des maux qu’il se cause par l’exercice de sa liberté. Il

    tuels, & la condition de pouvoir également n’acquieſcer à aucun ; conditions qui excluent toute raiſon de préférence, de choix & de déciſion. Car alors tout exercice, tout uſage, en un mot, toutes les propriétés eſſentielles de la faculté même, qu’on appelleroit liberté, ſeroient détruites ; ce nom ne ſignifieroit qu’une abſtraction inconcevable, comme celle du bâton ſans deux bouts. Dépouiller la volonté de l’homme de toutes cauſes déterminantes pour le rendre libre, c’eſt annuler la volonté, car tout acte de la volonté eſt de vouloir quelque choſe ; c’eſt anéantir la liberté même, ou la faculté intellectuelle qui examine & apprécie les objets relatifs aux affections de la volonté…

    Ne nous arrêtons pas davantage à cette abſurdité, & concluons en obſervant qu’il n’y a que l’homme ſage qui s’occupe à perfectionner ſa liberté ; les autres croyent toujours être aſſez libres quand ils ſatisfont leurs déſirs ; ainſi ils ne ſont attentifs qu’à ſe procurer le pouvoir qui multiplie les choix qui peuvent étendre l’uſage de leur liberté. Celui qui n’a qu’un mets pour ſon repas, n’a que le choix de le laiſſer ou de le manger, & celui d’en manger plus ou moins ; mais celui qui a vingt mets, a l’avantage de pouvoir étendre l’exercice de ſa liberté ſur tous ces mets, de choiſir