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Page:Journal de la Société d'archéologie et du Comité du Musée lorrain, 1860.djvu/158

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croire que le ressentiment et l’esprit de vengeance avoient quelque part dans la réfutation de son adversaire, dit toujours à ceux qui le pressoient de répondre à ce critique que n’ayant entrepris la Bibliothéque lorraine que pour faire connoître à la postérité ses concitoyens qui s’étoient acquis quelque réputation par leurs écrits ou par leurs talens, il ne trouvoit pas mauvais que M. Chevrier ou tout autre que lui ne courût la même carrière et ne fit mieux que lui ; qu’il sçavoit bien que son ouvrage n’étoit à proprement parler qu’un essai et qu’il seroit bien aise que quelqu’un entreprît de donner à ce travail la perfection et d’y corriger les fautes qu’il pouvoit avoir faites. La grande modestie de Dom Calmet lui dictoit ces sentimens. Ceux qui ont connu ce sçavant abbé, rendront toujours ce témoignage à sa profonde humilité, que bien loin de rougir des fautes qui pouvoient s’être glissées dans ses écrits ou d’entreprendre de les défendre, il les avouoit humblement et étoit toujours prêt à les corriger, témoignant une vive reconnoissance envers ceux qui les lui faisoient appercevoir.

Cependant la crainte que l’ouvrage de M. Chevrier ne fît quelque impression sur un certain public par la manière avantageuse avec laquelle il s’annonce comme le restaurateur de l’histoire de Lorraine et avec laquelle il assûre certains faits, qui paroissent tout-à-fait contraires à ceux que Dom Calmet avance dans son Histoire ou dans sa Bibliothéque lorraine, la crainte aussi que la vérité de la même histoire ne souffrit dans la suite quelque altération ou quelque préjudice, surtout dans l’esprit de certains lecteurs qui se laissent aisément prévenir par le ton assûré avec lequel on avance les faits et qui sont principalement entraînés par un stile pompeux et brillant, tous ces motifs portèrent Dom Calmet à jetter sur le papier les réflexions que l’on donne aujourd’hui au public.