Aller au contenu

Page:Journal de la Société d'archéologie et du Comité du Musée lorrain, 1860.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 161 —

de Verdun, le Duché de Luxembourg et l’Archevêché de Tréves que j’avois si expressément compris dans mon projet d’histoire littéraire de Lorraine. J’ai donc lieu de croire qu’il a voulu me faire grace pour tout ce long espace de tems, ou l’avoir négligé comme indigne de son attention et de sa censure.

Je ne saurois me persuader que le principal dessein de M. Chevrier ait été de me critiquer. Je n’entre dans sa critique que pour une assez petite partie. Il en vouloit sans doute à d’autres dont il attaque les écrits et les personnes d’une manière qui donne à son ouvrage plutôt l’air d’un libelle diffamatoire que d’une critique sage, modeste et modérée. L’on s’étonne qu’ayant parlé d’une manière si indécente et si peu mesurée de personnes qui ont l’honneur d’être dans l’estime et les bonnes graces de S. A. R. Monseigneur le Duc Charles de Lorraine, il ait eû la présomption de lui dédier son ouvrage, où d’ailleurs il prodigue les louanges sans choix et sans raison à gens qui s’attendoient à peine à trouver leurs noms dans la Bibliothéque lorraine.

Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est d’y trouver ce qu’il a osé avancer, qu’Horace n’étoit pas poëte.

C’est un paradoxe insoutenable et qui fait soupçonner que M. Chevrier n’entend pas le latin, ou qu’il n’a jamais lû les ouvrages d’Horace qui jusqu’ici a été reconnu pour un des plus grands poëtes de l’antiquité romaine.

Il est vrai qu’Horace lui-même, parlant de ses lettres et de ses satyres, reconnoît qu’elles ressemblent plutôt à la prose qu’à une poësie relevée :

.....Si qui scribat, uti nos,
Sermoni propiora, putes hunc esse poëtam
[1].

  1. Serm. L. I, S. IV, v. 46.