Page:Journal de la liberté de la presse et Le Tribun du peuple.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est le seul juste, le seul bon ; hors de cet état il ne peut exister de sociétés paisibles et vraiment heureuses ; je ne vois pas pourquoi ce Peuple, qui veut nécessairement son bien, qui veut par conséquent tout ce qui est juste et bon, ne pourroit pas être amené à prononcer solennellement son vœu pour vouloir vivre dans le seul état de société paisible et vraiment heureuse.

Loin qu’on puisse dire, à l’époque où l’excès de l’abus du droit de propriété est porté au dernier période ; loin qu’on puisse dire alors que cette fatale institution a des racines trop profondes, il me semble, au contraire, qu’elle perd le plus grand nombre de ses filamens, qui, ne liant plus ensemble les soutiens principaux, expose l’arbre au plus facile ébranlement. Faites beaucoup d’impropriétaires, abandonnez-les à la dévorante cupidité d’une poignée d’envahisseurs, les racines de la fatale institution de la propriété ne sont plus inextricables. Bientôt les dépouillés sont portés à réfléchir et à reconnaître que c’est une grande vérité, que les fruits sont à tous et la terre à personne ; que nous sommes perdus que pour l’avoir oublié ; que c’est une bien folle duperie, de la part de la majorité des Citoyens, de rester l’esclave et la victime de l’oppression de la minorité ; qu’il est plus que ridicule de ne point s’affranchir d’un tel joug, et de ne point embrasser l’état d’association, seul juste, seul bon, seul conforme aux purs sentimens de la nature ; l’état hors duquel il ne peut exister de sociétés paisibles et vraiment heureuses.

La Révolution française nous a donné preuves sur preuves que les abus, pour être anciens, n’étaient point indéracinables ; qu’au contraire, ce fut leur excès et la lassitude de leur longue existence qui en a sollicité plus impérativement la destruction. La Révolution nous a donné preuves sur preuves que le Peuple Français, pour être un grand et vieux Peuple, n’est point pour cela incapable d’adopter les plus grands changemens dans ses institutions, de consentir aux plus grands sacrifices pour les améliorer. N’a-t-il pas tout changé depuis 89, excepté cette seule institution de la propriété ?

Pourquoi cette seule exception, si justement on reconnoit qu’elle tombe sur ce qu’il y a de plus abusif, sur la plus déplorable création de nos fan- taisies ? L’ancienneté de l’abuIs arrêtera-t-elle ici, plus que la même circonstance n’a pu faire pour tous les autres abus qui ont été renversés La gravité, l’importance de celui-ci seront-ils des motifs pour le faire respecter davantage ? L’observation suivante, qui n’a point paru frapper An- ton elle dans une première lecture, pourra-t’elle ne point