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Page:Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, Tome 49, 1799.djvu/424

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JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

sonnes de savoir quelle est réellement cette matière ; car il y a peu d’apparence, diront-elles, que plus de connoissances à cet égard nous soit de grande utilité. Pour moi, je pense, au contraire, qu’il importe beaucoup pour l’avancement de nos connoissances en physique, de déterminer positivement quelle est la matière invisible qui occasionne en nous la sensation du bruit ou du son ; parce que des recherches à cet égard, peuvent nous mettre dans le cas de découvrir quelque fluide particulier, qui quoiqu’échappant à plusieurs de nos sens par sa ténuité et son extrême transparence, peut être néanmoins assez actif et assez puissant, pour influer considérablement sur la plupart des faits physiques que nous observons, et peut-être encore sur des faits relatifs à l’organisation des êtres vivans, qu’il nous est si important de bien connoître.

Le fluide invisible qui est pour nous la matière propre du son et du bruit, se trouvant nécessairement interposé entre les corps choqués et notre organe auditif, doit être un fluide qui nous environne partout, dans lequel par-conséquent nous nous trouvons sans cesse plongés ; en un mot, il doit constituer le milieu invisible dans lequel nous vivons, ou au moins en faire partie.

Quoique l’air commun, que je nomme gaz atmosphérique[1], soit un fluide absolument invisible, ce fluide dans lequel nous sommes continuellement plongés, est sans doute de tout temps parvenu à notre connoissance ; parce que dans ses déplacemens il se rend sensible à nous en affectant l’organe du toucher, en nous poussant même avec force, et ensuite parce qu’étant d’une certaine grossièreté dans ses parties, nous avons la facilité de l’enfermer dans des vaisseaux, de l’y retenir à notre gré, d’en faire l’examen, etc., etc.

Il étoit donc naturel de penser qu’un fluide dans lequel nous

  1. J’ai donné à l’air commun, dans lequel nous vivons, le nom de gaz atmosphérique, parce que, comme je le ferai voir ailleurs, c’est un composé gazeux, résultant de la combinaison de l’air élémentaire avec les principes d’une grande partie des vapeurs qui émanent et s’exhalent de toutes parts de la surface du globe, et qui s’élèvent et se répandent dans le sein de l’atmosphère, où elles s’y détruisent. Ces vapeurs, qui ne peuvent ainsi s’élever dans l’atmosphère que jusqu’à une hauteur limitée, y donnent lieu à la formation et à l’entretien continuel d’une combinaison particulière et gazeuse, dans laquelle l’air élémentaire (l’ oxigène des chimistes), paroît entrer au moins pour un quart, et qui constitue ce fluide invisible, connu sous le nom d’air commun. Il remplit seulement la région inférieure de l’atmosphère, que je nomme Région des vapeurs.