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Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 5, 1896.djvu/354

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V. On peut se demander si, du moins, quelque phénomène particulier se manifeste, lorsque les rayons rencontrent le corps qu’ils déchargent. Pour le voir, j’ai déplacé d’une manière continue, en le soulevant ou en l’abaissant, le système des deux plaques précédemment défini et j’ai constaté seulement que l’action décroissait à mesure qu’une plus grande partie des rayons cessait de passer entre les deux plaques. Je n’ai pas étudié le cas où les rayons tombent normalement sur le corps déchargé.

Dans le même ordre d’idées, j’ai recherché si, comme le dit M. Righi, un conducteur exposé aux rayons X acquiert une charge positive.

J’ai donc fait tomber le rayon sur un disque de cuivre, lié à l’aiguille d’un électromètre, et dont le diamètre était juste assez grand pour utiliser tout le faisceau de rayons X. Le disque était protégé électriquement, en sorte qu’il n’émettait pas de ligne de force, et cependant il était assez loin de tout conducteur pour que sa capacité fût petite. Une charge positive, même faible, aurait donc pu être décelée. Pourtant je n’ai observé aucune variation du potentiel, et je pense que, s’il y en a eu, elle est restée inférieure à de volt.

VI. Les expériences qui précèdent prouvent le rôle que la disposition des lignes de force joue dans la décharge par les rayons X. D’autre part, on sait maintenant comment intervient la nature du diélectrique traversé par ces lignes de force.

La décharge se produit dans les gaz, plus rapidement quand le gaz est plus dense[1] et paraît ne se produire que dans les gaz. À la vérité, M. J.-J. Thomson a annoncé qu’elle se produit dans tous les diélectriques, mais le résultat contraire paraît bien établi par les expériences de M. Righi et celles de M. Röntgen. En ce qui concerne les diélectriques solides, j’ai, d’ailleurs, vérifié leurs conclusions.

On sait, enfin, que J.-J. Thomson, puis Röntgen ont prouvé que de l’air, préalablement traversé par des rayons X, garde quelque temps la propriété de décharger les corps électrisés.

VII. Il pourra donc paraître naturel d’admettre que, transporté par convection ou par diffusion au voisinage des surfaces électrisées,

  1. Comptes rendus, t. CXXII, p. 916, séance du 2 avril 1896. Note de MM. Benoit et Hurmuzescu. Le résultat a été aussi indiqué par Röntgen.