Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/163

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puissions nous distraire un peu en faisant de petites promenades sur l’eau, mais sans atterrir.

Après le tiffin, au moment où je me mets à écrire, l’Américain arrive me dire : « Messé voul vou véné avé moi dans petit bateau ».

Je lâche la plume et y cours. Je prends place près du barreur, qui est un officier. Les tireurs (c’est un canot à avirons) sont : 1o un passager qui voyage pour son agrément. C’est un ancien officier de l’armée anglaise, grand et sec, âgé de 51 ans. On ne les lui donnerait pas ; le 2e est l’Américain ; le 3e, un grand Anglais, flegme, et à l’air maladif ; le 4e, un autre jeune Anglais, mon voisin de table, tous passagers, et le docteur du bateau. Et nous voilà partis, tous tirant comme des enragés sur des avirons, presque comme des poteaux télégraphiques. Ces braves gens tirent l’aviron pendant une heure ; on va même chercher le bateau à voiles où est monté le capitaine avec les autres passagers, et qui est en panne faute de vent, et on le ramène, ce qui doit augmenter sensiblement la charge qui est déjà bonne, comme j’ai pu m’en assurer le lendemain. Nous rentrons au bateau un peu ragaillardis par cette petite sortie.

Le soir, au salon, la dame du prestidigitateur qui a une très jolie voix, nous chante une série de romances anglaises