Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/172

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en fagots et, comme ils n’avaient rien pour le rapporter, l’officier a déchiré son mouchoir en trois bandes avec lesquelles il a lié les trois fagots. Et voilà ! Déjà le feu est allumé et fume, mais nous attendons la deuxième fournée de passagers que le canot est retourné chercher. Ils arrivent bientôt après.

Le docteur du bateau porte un panier rempli de provisions, un autre porte une énorme cafetière, un autre la théière en porcelaine. Pendant que l’eau chauffe, miss et Mme H… étendent sur des tartines de beurre un pot de confitures de fraises et deux assiettes de ces tartines sont bientôt préparées. Nous sommes assis sur l’herbe, quand tout à coup, en se reculant, Mme H…, qui a une robe de piqué blanc, s’asseoit en plein sur une assiette de tartines de confitures de fraises. Je crie : « Prenez garde ! » Il n’est plus temps. Elle se retourne et nous montre un tableau désopilant. La robe a un placard de fraises, non ! c’est à se tordre, mais pendant que je ne pense qu’à m’esclaffer, un officier anglais tient la robe tendue avec la main, tandis qu’un autre gratte le placard avec un couteau, et cinq minutes après on n’y pensait plus. En France, la dame aurait encore, je crois, sa robe tachée et les assistants seraient encore en train de se tenir les côtes.