Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/28

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après le fumoir qui se trouve sur le pont. Je sens la mienne qui glisse, puis file avec moi dessus, comme un traîneau sur la glace, jusqu’au bordage. On me l’attache et je reprends ma place. Une vague arrive qui couvre le pont d’un demi-pied d’eau, ce qui nous fait lever les jambes en l’air. Une autre plus forte fait entrer l’eau dans le fumoir et entraîne les chaises vides dont l’une est lancée par-dessus bord dans la mer. À ce moment, le spectacle est magnifique… pour ceux qui ont le cœur solide. Pour le thé de deux heures on n’a pas eu le temps de fixer la vaisselle, car la tempête est venue trop vite, et tout ce qui était servi, roule des tables à terre dans un fracas énorme. Dans les couloirs, qui sont très étroits, on se trouve tout à coup aplati contre une paroi sans pouvoir se décoller avant que le bateau fasse son mouvement en sens inverse. Les cabines ont un aspect lamentable : les valises, les chaussures, tout ce qui est sur le plancher, se promènent d’une cloison à l’autre, les lits qui sont en travers du bâtiment, comme le mien, décrivent un arc de cercle d’au moins un mètre ; l’eau entre par les hublots mal fermés et mouille les lits. Je fais grâce des gémissements des malades.

Voici le dîner. Sur 90 personnes, 30 au plus y assistent dont une demi-douzaine de dames. On a mis les violons pour évi-