Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/39

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innovation : les ventilateurs ne suffisant plus, on y a installé des pankas. Imaginez de grands rectangles d’étoffes un peu épaisses, attachés à des montants en bois qui se trouvent tous reliés à une corde tirée, extérieurement à la salle à manger, par quatre individus qui, dans la circonstance, se trouvent être des nègres. À bord des navires qui font cette ligne, il y a toujours beaucoup de noirs, car on les emploie presque exclusivement pour les chaufferies des machines. Ces pankas sont donc des sortes de grands éventails.

Après dîner on cherche à faire un lancier et on rassemble six couples ; mais sur ce nombre il y a quatre couples anglais. Il en résulte que pendant que les uns dansent le lancier français, d’autres se livrent aux fantaisies du lancier britannique. C’est une telle cacophonie qu’au bout de vingt minutes tout le monde y renonce.

Une autre distraction des passagers consiste à faire une poule sur la vitesse du bateau et le chemin parcouru dans les vingt-quatre heures. La poule est d’un franc par tête. On cherche ainsi à tuer les heures qui s’écoulent avec monotonie ; nous avons sept jours encore avant d’arriver à Colombo, sans toucher terre, sans autre vue que celle des rares navires qui passent, et des bandes de marsouins qui viennent jouer à l’avant du bateau. Il faut s’armer de résignation.