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Mardi 8 février.

Les Anglais sont vraiment étonnants de sang-froid, de sans-gêne et d’esprit méthodique. Partout où on les rencontre, chez les autres aussi bien que chez eux, ils font leurs petites affaires en faisant abstraction complète d’autrui.

J’ai déjà raconté comment mes joueurs de cricket avaient accaparé toute une partie du pont pour organiser leur partie. Que de fois, dans le cours de ce voyage, j’aurai à constater leur sans-façon ! Mais au moins ils ne sont pas gênés par le respect humain, ni par la crainte du ridicule, dans leurs costumes et dans leur manière d’agir, et ils font bien et franchement ce qu’ils croient utile pour eux-mêmes.

Je faisais ces réflexions en voyant ce matin le colonel des volontaires d’Australie faire les cent pas sur la partie gauche du pont pendant que deux autres Anglais l’imitent sur la partie droite. Le colonel a un panama et une blouse veston en toile très légère, les pieds nus dans des savates. Il parcourt toute la longueur du pont réservé aux premières, soit 90 mètres, à grandes enjambées. C’est vraiment du sport, car au bout d’une heure de cette marche accélérée, la sueur lui coule le