Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/51

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plus ou moins superstitieux, n’aiment pas voyager avec des prêtres, sous prétexte qu’ils provoquent les accidents. Mon Hollandais surtout ne décolère pas.

Avec tout ce monde la promenade est presque impossible. Je demeure donc toute la journée à lire, étendu sur ma chaise longue, et à corriger l’ouvrage du fonctionnaire de Java. Entre-temps il me vient une idée : si je passais jusqu’à Batavia ? J’en fais part à mon homme qui est transporté de joie et me donne toutes sortes d’arguments pour me décider : « Là-bas, dit-il, je pourrais vous être utile, car je suis le maître. Venez, et vous ne le regretterez pas. » En somme, Batavia n’est qu’à 40 heures de Singapour, je ne ferai jamais le voyage dans de meilleures conditions, la tentation est trop forte, je sens que j’y succomberai.


15 au 19 février.

La traversée continue avec la même monotonie, sans le moindre incident. Le 17, la pluie se met à tomber, la mer grossit et le navire roule, ce qui nous prive de la présence de beaucoup de dames. Le 18, nous distinguons les côtes de la pointe d’Atchin, au nord de Sumatra. C’est ce pays qui donne tant de fil à retordre aux Hollandais, qui, malgré des sacrifices