Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/53

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long du wharf, un peu plus loin que le Godavery, qui doit nous emmener à Batavia.

Au moment où nous approchons, nous voyons un Hollandais qui vient attendre sa jeune femme avec qui il est marié par procuration depuis quatre ans. C’est ce qu’on appelle le mariage au gant. Les Hollandais, gens pratiques, ont reconnu dans leurs lois le mariage à distance, par procuration. Le jeune homme, retenu aux colonies par ses occupations où sa pauvreté, n’a pas besoin de faire la traversée pour prendre femme. Il donne ses pouvoirs par-devant notaire à un parent, à un ami et lui envoie un de ses gants. Ce parent ou cet ami épouse à sa place et accomplit toutes les formalités, sauf la plus délicate. La jeune fille peut alors aller rejoindre son fiancé sans crainte, elle a tous les avantages de l’épouse en cas d’accident mortel survenu à son époux pendant son long trajet.

La jeune femme, qu’on a nommée à bord la fiancée, l’a aperçu et tous deux agitent leurs mouchoirs. Lui, bon gros garçon à la figure réjouie, à l’air calme et tranquille, semble attendre avec placidité et agite posément, posément ; elle, ne tient plus en place, elle agite avec frénésie le petit morceau de toile blanche et elle saute, en même temps, comme à la corde, en précipitant la rapidité des sauts