faisons des signes en agitant ces petits morceaux de toile blanche. Ce matin ils signifiaient joie intense du rapprochement ; ce soir tristesse de la séparation. Il faut vraiment être passé par là pour comprendre l’insistance et la ténacité des gens qui viennent en accompagner d’autres et qui, tant qu’ils le peuvent se font des signaux de la main et du mouchoir. Je ne m’en moquerai pas maintenant.
Mais, cette fois, on ne s’aperçoit plus, je me retourne n’ayant autour de moi qu’une foule, grouillante de Chinois, Indiens, Malais, etc., tous à demi nus, et par-ci par-là deux ou trois Européens, Anglais naturellement. C’est alors que je comprends mieux mon isolement. Tout seul au milieu de tout ce monde baroque et si loin des miens ! La sensation première est vraiment pénible ; mais je cherche à m’en dégager en pensant au but de mon voyage et à la joie que j’éprouverai si j’arrive à vaincre toutes les difficultés, en un mot si je réussis.
Je me dirige dans la direction de la ville, sans vouloir écouter les sollicitations des cochers et des pousse-pousse. Je préfère marcher un peu pour faire une réaction. Je retrouve mon hôtel et fais connaissance, le soir même, avec un ou deux Français qui y prennent pension. À 9 heures, un formidable coup de canon annonce la fermeture du port.