Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

8 JOURNAL DES ECONOMISTES. II faut y ajouter le privilege des imprimeurs, celui des agents de change et des courtiers , celui des huissiers , des avou6s et des no- taires i , etbeaucoup d’autres encore qu’il serait trop long d’^nume- rer. Parcourez nos halles et nos marches, suivez le cours de la rivifcre, notez-y un a un tous les produits qui se vendent ou qui circulent, et vous n’en trouverez pas un auquel ne s’attache, comme une I&pre immonde, quelque raonopole malfaisant ou quelque privilege in- juste. Pour couronner Tceuvre, ne trouvons-nous pas enfin, ausommet de la hifirarchie industrielle, le privilege monstrueux de la Banque de France, en vertu duquel scmt confisqu6es, au profit d’une associa- tion unique, les immenses ressources du credit? A cAt6 de ces monopoles 6tablis au profit des particuliers, et dont, h61as! ils profitent beaucoup moins que le pays n*en souflre, viennent se placer ceux qui sont etablis au profit ou pour le corapte de I’Etat. C’est d’abord le monopole de I’enseignement, en vertu duquel les ge- nerations qui s*61&vent, privees de toute instruction fructueuse et so- lide, sont condamntes a perdre les belles annees de la jeunesse dans retude sterile dedeux langues mortes, qu’elles ne connaissent m6me jamais. C’estensuite le monopole des travaux publics, abandqnn6 par I’Etat a un corps constitui, qui a trouve le moyen de faire de la France Tun des pays les plus arrier^s de l’Europe pour tout ce qui tient a la viability du territoire. Puis, le raonopole du transport des lettres, qui nous fait payer tr6s-ch&rement un tr&s-mauvais service. Puis encore le monopole de la fabrication et de la vente du tabac; le monopole de la fabrication etde la vente des armes de guerre; le monopole de la fabrication des cartes a jouer, et beaucoup d’autres. Heureuses con- quotes du pouvoir, qui, fortifies par celles qu’il fait aujourd’hui, ou qu’il se prepare a faire, poussent rapidement la France vers un regime semblable k celui de la moderne Egypte. Ce n’est pas tout. Aprfcs les privileges et les monopoles qu’on petit supposer 6tablis en vue de quelque interfit particulier, nous avons en- core les restrictions et les entraves gratuites. Sans perdre le temps a en faire la triste£num6ration, bornons-nous a mentionner celles qui naissent de la loi actueile sur les soci£t£s commercialese puisque aussi bien la question de l’association est aujourd’hui k l’ordre du jour. Chose Strange! nous voyons autour de nous force gens qui se mettent en frais pour propager le principede l’association, qui font mfime ap- pel k Tautorit6 de I’Etat pour faire fructifier les combinaisons sociales qu’ils imaginent, comme si les particuliers avaient besoin de l’Etat pour s’associer lorsque l’association leur est utile, et pas un ne songe

Nous n’examinons pas ici la question de savoir si le privilege des avoues et des 

notaires, qui sont des officiers miuisteriels, peut se jusiifier par des considerations d’ordre public; II nous suffit de le mentionner en passant. Quant au privilege des agents de change et des courtiers, il nous parait trop certain qu’il ne peut se jusiifier a aucun litre. - < • • . . .