Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/12

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ORGANISATION DU TRAVAIL. 9 a demander l’abrogation d’une loi odieuse qui fait pr6cis6ment obsta- cle a toute bonne constitution des soci6t£s ! Tel est* en effet, le carac- t&re de cette loi , nous Tavons clairement montr6 ailleurs, que lors- qu’elle n’empfiche pas les associations de naitre, ce qui est le cas ordinaire, elle les corrompt du moins dans leur principe; elle leur impose des combinaisons vicieuses ou impossibles, qui en faussent les tendances d&s Torigine, et les font d£vier rapidement loin de leur but. Pourquoi done, puisque l’association vous paralt si desirable, et elle I’est, en effet, dans certaines conditions et certaines limites, pour- quoi ne pas demander avant tout le retrait d’une loi qui la comprime? Serait-ce, par hasard, que vous ne votidriez pas d’autres associations que celtes que vous auriez cr£ees ou inspires vous-m£mes? Ou bien, supposeriez-vous que les autres hommes, vos £gaux, sont incapables de regler leurs propres int6r6ts sans vous? De quelque c6t6 done que Ton envisage la soci6te actuelle, on n’y voit partout qu’assujettissement ou oppression. Partout, I’activite spontan^e de l’homme est entrav£e, enchatu^e, quelquefois reduile k Fimpuissance ; ou bien, ses fruits sont d6tourn^s, par des lois par- tiales et injustes, au profit de quelques int6rfits privileges. Et e’est le tableau de cette soci6t6, ainsi faite, qu’on ose opposer aux amis de la liberty comme une condamnation de leurs doctrines ! Et e’est la qu’on va chercher des exemples de ce qu’on appelle les cons6quences d’un regime libre! Oh ! grands orgahisateurs du travail, que vos ju- gements sont bornes et vos connaissances 16geres! Ouvrez done les yeux et appreriez a connaitre ce monde industriel que vous entrepre- nez si t6m6rairement de r£gler. Qu’on nepensepas, d’ailleurs, quelesabus, les privileges, les mo- nopoles que nous venons de signaler soient chose peu grave ou de pe- tite consequence pour le pays. Non, non ; il n’en est pas un qui ne nous coute tr&s-cher; pas un qui ne soit pour la nation I’&juivalent d-un lourd tribut, alors m6me que les privil6gi6s n’en profitent pas. Dans le nombre, il en est un surtout, le plus saillantet le plus grave de tous, le monopole de la Banque de France, qui atteint Tindustrie tout entire jusqu’aux sources m£mes de sa puissance, puisqu’il en- chaine le credit qui en est l’&me. Tous ensemble, on peut dire qu’ils enlevent au pays la meilleure part de sa. substance. Voila done ou ilfallait porter la main si Ton avait a coeur d*ame- liorer sensiblement la condition des masses. C’est en r^formant tous ces abus, en 6cartant toutes ces entraves, en supprimant ces privi- leges et ces monopoles, qu’on aurait r^ussi, selon les conditions de notre programme,, a universaliser la richesse en la f£condant; qu’on aurait £Iev6 au profit de tous, de tous sans exception, le niveau de l’humanite. Oui, de tous, m£me des privileges du regime present; car les faibles pertes qu’aurait entrain£es pour la plupart d’entre eux la suppression de leurs privileges, auraient £te largement corapen-