Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/120

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PROTESTATION DE LA SOCIETE D’ECONOMIE POLITIQUE. 117 On jugera bien que la mEmoire du Moniteur, officielle mais peu fi- ddle, a quelque peu failli , par les paroles suivantes que M. Leon Fau- cher a r^pliquees. « Puisque la Soci£te d’6conomie politique m’a charg6 d’etre son organe dans cette circonstance , je demande a vous adresser, citoyen ministre, nos remerciements pour I’accueil que vous voulez bien nous faire, eta y joindre quelques nouvelles observations. « Nous acceptons avec reconnaissance t’espoir que vous nous donnez d’une reparation qui serait faite a la science dans un moment plus opportun. Les plaintes de la Societe, dont vous promettez de porter I’expression au gouvernement provisoire, ne peuvent que gagner, en force et en autorite, a passer par votre bouche. Nous ne doutons pas plus que vous des bonnes intentions de M. le ministre de Instruction publique. Mais alors sa religion a 6t6 surprise quand on lui a fait signer l’6trange rapport qui sert de base au d£cret du 7 avril. « Non-seulement celte mesure frappe un homme qui avait contri- bu6 , apr&s tant d’illustresmaitres, aux progres de la science £cono- mique; non-seulement elle arrache au college de France un profes- seur qui devait£tre inamovible dans sa chaire, comme un magistrat sur son si6ge ; mais elle supprime la chaire mftme, un enseignement qui etait la conquSte de la Revolution, et cela au moment ou il se rEpand dans toute l’Europe. L’economie politique , vous le savez, a 6lu domicile en Angleterre ; mais on Tenseigne encore dans les prin- °cipaux Etats de I’Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Autriche, en Italie, en Espagne, et jusque dans la Russie. Cette proscription de r^conomie politique en France, au moment ou elle se propage par- tout, n’introduira pas, sous un jour bien lumineux, notre jeune Re- publique dans le monde. « On ne s’est pas borne a supprimer une chaire et a proscrire line 6cole, on a voulu destituer en quelque sorte la science elle-m6me. Napoleon , plus excusable , si Ton considere Tepoque a laquelle il commandait, ne voyait dans les Economistes que des rfiveurs, que des ideologues. On prend le ton napoleonien pour nous dire que "Eco- nomic politique est livree aux disputes, et qu’elle ne se fixera jamais. Nous nous revoltons contre cet arr6t qui ne nous parait ni sans r6- plique ni sans appel ; car, tout en respectant le pouvoir, nous ne pensons pas qu’il lui appartienne de rendre des oracles. « Les auteurs du d6cret ont bien senti que la place de Teconomie ne pouvait pas rester vacante dans la society En dEtruisant cet en- seignement, ilsont pretendu nous en donner la monnaie. Ainsi s’ex- plique la creation des chaires d’agriculture, d’industrie, de commerce et de finances, institutes pour recueillir des fails auxquels manquera toujours le lien des principes. On a voulu disjoindre et disperser les membres de la science, on ne veut’pas qu’elle forme un corps ni