Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/14

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ORGANISATION DU TRAVAIL. H que l’on remarque dans le regime actuel, et dont on no sait pas dis- cerner la veritable cause ; mais pour bien comprendre l’esprit et la port£e cju d6bat qui s’engage sur ce sujet, il faut remonter un peu plus haut. Outre qu’onjugemal notre condition pr&ente, et qu’on attribue k la liberte les maux engendres pnScisement par le regime contraire, il y a bien peu de gens qui soupgonnent seulement qu’il existe un ordre quelconque ausein de la societe industrielle, Dans cette multitude in- finie d’hommes qui s!agitent sur la surface du globe terrestre, pour Fexploiter a leur profit, ils nevoientqu’une m616e confuse, une masse incoherente d’individus juxtaposes, qui se meuvent au hasard, sans guides, sans regies et sans lois. Qu’est-ce que la soci6t6 actuelle, disent-ils , sinon le croisement confus ct lechoc continuel des interfits priv6s? Lh, point de regies ; le . hasard seul domine ; et que peut-il sortir des jeux du hasard, au mi- lieu de cette cohue immense, sinon le d^sordre, l’anarchie, le chaos? Voila ce qu’ils rep&tent tous les jours , et c’est de la qu’ils partent pour demander qu’on impose a cette soci6t6 ainsi faite une organisa- tion, des Ibis. lis ne se doutent pas que cette soci6t6, dont ils n’ont pasetudie le jeu, a deja une organisation naturelle, deriv6e des v6ri- tables instincts de I’homme, developpte et perfectionn£e avec le cours des si&cles, et fort superieure aux pitoyables combinaisons qu’ils ima- ginent. Leur impression , du reste, est naturelle. C’est celle qui r^sulte assez t g^neralement d’un coup d’ceil superficiel jetd sur le monde qui nous entoure. L’ordre r6el et merveilleux qui s’y cache derri&re un d^sordre apparent, nese d£couvre, en general, qu’a l’aide de Tobservation etde Tetude. Eh, mon Dieu ! n’en est-il pas ainsi partout ou l’homme porte $es regards pour la premiere fois? Dans tous les ph6nom£nes qui le frappent, il ne voit d’abord que les jeux du hasard, jusqu’a ce qu’une observation plus attentive lui en ait fait decouvrir les lois. Pour le sau- vage ignorant, le hasard est partout; c’est Tunique regulateur du monde physique. Pour I’homme qui n’a jamais observe le cours des astres, l’anarchie regne dans la voute celeste. Il semble pourtant qu’un peu de reflexion devrait, en ce qui tou- ched l’industrie humaine, corriger assez promptement cette impres- sion premiere. Si l’harmoniedu monde industriel ne se d^voile claire- ment qu’a des yeux tres-attentifs, elle se r6v£le du moins pour tout le monde par sesefTets. Consid6rez seulement la vari6t6 infinie des pro- ductions qui circulent au sein de la soci6t6, et la r6gularit6 admirable avec laquelle ces productions vont partout, sans embarras et sans en- combre, chercher les consommateurs qui les r^clament. Consid6rez, d’autre part, la variet6 infinie de nos besoins qui se renouvellent tous les jours, et demandez-vous par quel miracle ces besoins sont chaque jour pr6venus et satisfaits. Voulez-vous une autre epreuve? Parmi tous