Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/13

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10 JOURNAL DES ECONOMISTES. s6es d’ailleurs, noyees en quelque sorte dans le torrent de la prospe- rity g^n^rale. Et quoi de plus facile qu’une oeuvre pareille au lendemain d’une revolution semblable a celle dont nous venons d’6tre t£moins? * II y a des moments uniques dans la vie des peuples comme dans celle des individus. C’est a Tissue des grandes commotions politiques que toutes les r^formes sont possibles. Alors la societe appelle en quel- que sorte la main du reformateur, qu’en d’autres temps elle repousse avec eflroi. Les passions egoi’stes se replient surelles-m£mes, etonnees de la grandeur des 6venements publics ; les interfits particuliers s’effa- cent ou se r£signent aux sacrifices ; les pr£juges m6mes se taisent, honteux de faire entendre leur voixaigre et criarde au milieu de ce concert g£n£ral. Plus tard, lorsque la society est rentr6e dans son as- siette ordinaire, ces puissances ennemies du progr^s relevent la t6te et recommencent leur lutte eternelle contre le bien public. II sera done dit que nous aurons Iaiss6 echapper encore urie fois cette occasion si belle. H6Ias ! h6las! 1830 a eu de tristes m6comptes; fau- dra-t-il que 1848 ait aussi a pleurer les siens? Nous esperons encore, toiitefois, que l’Assembiee nationale* mieux avis6e ou plus sure d’elle-mfeme, saura, eh ddpit des lueurs trompeuses qu’on lui presente d’avance, ramener le pays dans la vraie route d’ou il s’&oigne de jour en jour. t La liberie. — Laissez faire, laissez’ passer’. II existe cependant au fond de certains espritsdes preventions obs- tinees, incurables, contre laliberte, contre la concurrence, pour tout dire, contre ce principle, fecond du laissez-faire, veritable drapeau de T6coIe 6conomique. Et quelle est la source apparente de ces preven- tions? la voici : C<?tte maxime du laissez-faire est une max i me commode, dit-on, puisqu’elle recommande au pouvoir qui dirige l’Etat la paresse et re- action. Comme si elle ne laissait pas h ce pouvoir sa fonction natu- relle et legitime, fonction d&ja bien assez haute, bien assez lourde pour des bras mortels, qui consiste a maintenir, dans toute T6tendue d’un vaste empire, le regne de la justice et du droit. C’est, d’ailleurs, ajoute-t-on, une maxime sterile, puisqu’elle prive la societe de tous les avantages qu’elle peufc tirer de I’activifce de ceux qui la dirigent. Et on ne considere pas, en raisonnant ainsi, qu’un pouvoir public qui agit en dehors de ses fonctions naturelles, ne fait que substituer son activity propre h celle des particuliers, et qu’il faut se demander par consequent laquelle des deux est la plus r6guli6re, la plus feconde, la plus profitable enfin ? de Tactivite d’un gouverne- ment, ou de l’activite priv^e. Contre la liberte, contre la concurrence surtout, on trouve bien d’autres objections, tiroes 6n general des inconvenients ou des maux