Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ORGANISATION DU TRAVAIL. 13 mesures qui ont k peu prfcs le mfime sens ou la mfime port6e. Jamais de pareils r&glements, de quelque autorit6 qu’on Jes revfite, ne pre- valent contre les lois naturelles de [’Industrie, tant ces lois ont de rfia- lit6 et de puissance; seulement, la lutte qui s’engage alors entre ces deux forces contra ires engendre pour la societd d’epouvantables maux. Que si jamais le dfilire de la r^glementalion etaitpousse jusqu’a ce degr6 que rfivent nos modernes organisateurs ou socialistes, il est dif- ficile de dire ce qui sortirait de ces tentatives insenseesl C’est alors que le monde Industrie!, jet6 hors de sa sphere et perdant l’6quili- bre, pourrait bien tomber en reality dans le chaos. Jusque vers le milieu du dernier si&cle, personne n’avait soupgonnS que l’industrie et le commerce fussen-t gouvernes par des lois natu- relles qui leur fussent propres. Tout le monde en 6tait au point ou spnt encore aujourd’hui nos socialistes. Si Ton ne disait pas comme eux que l’industrie est livree a l’an archie, on croyait du moinsqu’elle se prfiterait sans peine a tout ce qu’on voudrait exiger d’elle; qu’il 6tait possible de la p6trir en quelque sorte, comme une pSte molle, au gf6 des vues du souverain. De[a, aussi, tant d’experiences que Ton faisait sur elle. De temps en temps seulement on 6tait averti, par des resistances inattendues, et dont on ne comprenait pas la source, qu’il ne fallait pas pousser ces tentatives trop loin. Ce fut I’ecole des economistes frangais, dontQuesnay etait lechef, qui, la premiere, -vers le milieu du dernier siecle » changea le cours de ces id£es. Elle annonga qu’il y avait dans l’industrie un ordre na- turel ? des lois necessaires et providentielles, que Ton pouvait bien contrarier, au risque de compromettre la fortune publique, mais qu’il n’etait donn6 k personne de changer. Ce fut comme la relation d’un monde nouveau. L’6re de la science commenga. Jusque-1A, T6- conomie politique n’avait et6 qu’un art; art trompeur et decevant, . ayant pour but d’augraenter, par des moyens artificiels, la richesse d’un peuple. Elle devint alors une science veritable, ayant pour objet Tetude de[ces;lois providentielles dont Texistence venait d’etre r6- vetee. Ce fut alors aussi , et par une consequence naturelle de ce change- ment d ! aspect, que la ra6me £co!e proclama sa grande maxime : laissez (aire, laissez passer; maxime profond&nent philosophique f l’urie des plus belles qui aient &t& proclamtes depuis un stecIe. Elle pouvait se traduire ainsi. Laissez faire k Tindustrie sonceuvre; laissez- la progresser sans contrainte et s’ordonnerelle-mfime,puisque aussi bien elle progresseet s’ordonne suivant des lois providentielles et en quelque sorte sous la main de Dieu. Contentez-vous, usant du pouvoir qui vous appartient, de faire r^gnerdans son sein la justice, le droit. C’est tout ce qu’elle attend de vous , et tout ce que vous pouvez faire pour elle. Immense service, d’ailleurs, dont elle connait tout le prix. A cela prfcs, gardez-vous dela troubler par des r&glements t6m6raires t