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Page:Journal des économistes, 1848, T20.djvu/230

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POLITIQUE DES LIBRE-ECHANGISTES ANGLAIS. m se servaient les amis pen eclaires de la Turqnie pour exciter l’Angleterre contre la Russie. II prouvait a Tevidence que l’Angleterre n’etait nullementinteress6e & faire la guerre a la Russie pour emp£cher rinvasion de la Turquie ; il prou- vait que l’Angleterre h’avait pas a s’effrayer de Textension de la puissance moscovite,efc qu’elle pouvait, sans aucun danger, reduire soneffectif militaire et son effectif naval. Mais il lui restait a prouver encore que cette politique du-chez soiy qu’il preconisait, n’etait pasune politique egoiste; que l’Angleterre servirait les interns des autres peuples aussi bien que les siens propres, en s’abstenant d6sormais de toute intervention exterieure. Voici de quelle ma- mere il repoussait le reproebe degoisme adresse a la politique de non-inter- vention. « Nous autres partisans de la paix, nous avons de notre cote les interets de toutes les classes de la sociele ; aussi ne craignons-nous pas la guerre. Ces. interets seuls, eL pon es petites rivalites des diplomates, les intrigues des ambassadrices, les caprices des letes couronnees, ou la rheloriqtie des ecoliers sur la balance des pouvoirs, ser- viront desormais de regie a la politique exterieure de notre gouvernement. Cette po- litique sera basee sur uu principe de bonne foi (non pas sur le principe de lord Pal- merslon), sur le principe de la non-intervention dans les affaire*; politiques des autres Etats. Du moment ou cette maxime deviendra Tetoile fixe d’apres laquelle notre gou- vernement reglera la marche du vaisseau de I’Etat, de ce moment le bon vieux navire de Ja Grande-Rretagne flottera Iriomphant sur une mer calmc et profonde ; de ce moment les rescifs, les bas-fonds et les ouragans de la guerre etrangere seront evites pour toujours. « Si Ton objecte que cette politique ne tient pas oompte du bien-etre et du progres des autres pays, et nous accorderons volontiers que nos adversaires, les partisans de la guerre avec la Russie, ont uniqtiement en vue rititiirel de Ja Turquie etTinteretde la Pologne ; nous repondrons que leur but est aussi le notre. Notre desir est de voir la Pologne heureuse, la Turquie civilisee, la Russie aflranchie du servage; de plus, nous soubaitons que cette oauvre de regeneration soit accomplie de la main de la Grande-Bretagne. Sur ce point nous sommes parfaitement d’accord avec la grande majorite de nos adversaires. Mais par quel moyen doit s’accomplir ce dessein bien- faisant, voil& le point sur lequel nous differons. lis veulent recourira I’ancienneme- thode, laquelle consiste, selon Pexpression pittoresque de Washington Irving, a cimeu- ter a coups de baton la prosperite* de ses voisins et la paix du monde. Par malheur, il y a contre Tefficacite de cette melhode un temoignage irrefutable, le ternoignage de I’experience : pendant plusieurs milliers d’annees elle a ete en usage, et toujourselle s’esj trouvee en defaut. Mais une nouvelle lumiere est apparue de notre temps, qui a penelredans nos families et dans nos ecoles, qui a illumine nos prisons et nos mai- sons de force; et qui envahira bientot loutes les institutions et toutes les relations so- ciales; nous voulons parler de ce principe qui commande de renoncer a en appeler aux vils instincts dela crainte, et des’adrcsser aux facultes les plus nobles et les plus. energiques de notre nature intellectuelle et morale. C’esfc ce principe regenerateur qui a aboli deja I’usage des fers et des instruments de torture, et qui a substitue, au raoius d’une maniere partielle , la douceur a la brutalite dans les- trailements des animaux j e’estee principe que nous voudrions substituer au canon et au fusjl pour instruire et ameliorer les autres communautes. En un mot, nos adversaires veulent « faire le bonheur de leurs voisins a coups de baton », nous voulons arriver a la meme tin par Pexemple de notre pays. Au reste, leur methode ne saurait etre vraie ; car elle suppose quails se trouvent en toute occasion aptes a juger de ce qui convient ou ne convient pas a autrui. Or, its ne le sont point ; et alors meme qu’ils le