Page:Journal des économistes, 1849, T24.djvu/119

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du free trade ; M. Wilson, l’habile et courageux président de l’anti-corn Law League ; M. Ch. Hindley, membre du Parlement, et plusieurs hommes qui ont en Angleterre un caractère éminent. Ces honorables citoyens trouveront à Paris des hommes sympathiques de toutes les nations. Nous avons vu, parmi les adhésions reçues au secrétariat du Congrès de la paix, celle de M. de Lamartine, qui promet d’appuyer de sa présence la manifestation à laquelle il donne toute son approbation ; l’adhésion du général Santa-Cruz, ex-président des républiques de Bolivie et du Pérou ; celles de plusieurs représentants du peuple et d’autres hommes haut placés dans la société. Nous avons donc tout lieu d’espérer que la réunion des amis de la paix aura un utile retentissement et une heureuse influence sur la direction de l’opinion publique en Europe, où trop de sang a coulé et coule encore, sans profit pour la civilisation. On cite parmi les délégués des États-Unis M. Durkee, de Visconsin, qui a du faire 2, 000 milles anglais dans les terres avant d’arriver au lieu d’embarquement.

— Notre spirituel correspondant, M. Jobard, s’est fait, comme on sait, l’infatigable promoteur de la propriété intellectuelle. Depuis plus de vingt ans il agite cette grave question dans les journaux et dans une multitude de petits pamphlets ou l’esprit abonde toujours et le sens commun quelquefois. Certes, rien de plus légitime que la propriété intellectuelle. Le travail de l’intelligence conserve un droit de propriété tout aussi bien que le travail des muscles, et c’est commettre une spoliation véritable que de limiter ce droit.

Il y avait donc là un excellent thème économique à développer. Malheureusement, M. Jobard a eu le double tort de donner à son idée des proportions exagérées et de l’accoler à une autre idée complètement fausse, celle de la marque obligatoire. Avec la propriété intellectuelle et la marque obligatoire, le savant technologue de Bruxelles a composé une nouvelle panacée sociale, à laquelle il a donné le nom passablement bizarre de monautopole.

Lorsque chacun jouira à perpétuité de la propriété de ses inventions, lorsqu’en même temps chacun sera obligé, sous peine de payer une grosse amende et d’aller en prison, de marquer ses produits, la société se trouvera soudainement guérie de tous ses maux ; elle se lèvera comme le paralytique de l’Écriture, en emportant sur ses épaules son lit de douleur. Quant au gouvernement, qui a si grande peine aujourd’hui à remplir les coffres du Trésor, il trouvera dans un impôt sur les inventions et sur les marques obligatoires une véritable Californie. Il n’aura plus que la peine de se baisser pour ramasser les millions. Ô prodige du monautopole !

Le 51 juillet dernier, M. Jobard avait réuni au local de la Société des inventeurs une assemblée assez nombreuse, devant laquelle il a expose sa doctrine. La séance était présidée par M. Taylor.

M. Jobard a lu d’abord un discours, dont certains passages ont été justement applaudis, sur les vices de la législation qui régit actuellement la propriété intellectuelle. Il a démontré d’une manière péremptoire que les inventions ont été en tous lieux, d’autant plus nombreuses et plus fécondes, que la propriété des inventeurs a été plus complètement garantie. Il a fait ressortir, avec sa verve accoutumée, les inconvénients de la vaine pâture intellectuelle, et il a réclamé justice pour les ouvriers de la pensée, comme les appelle M. Victor Hugo. Jusque-la, tout allait bien ; mais voici tout à coup que l’inventeur prend vivement à partie les économistes et les grands journaux. Les éco-