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Page:Journal du voyage de Vasco da Gama.djvu/20

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découvrirent les îles de la côte de Guinée ; mais ce fut seulement sous le règle suivant que le cap des Tourmentes, ou de Bonne-Espérance, comme le roi Jean voulut qu’on le nommât, fut doublé par l’intrépide Dias qui s’avança jusqu’à la baie de Lagoa, à quatre-vingts lieues au delà.

Vasco de Gama ne s’embarqua donc point à l’aventure lorsque, dix ans plus tard, il partit de Lisbonne pour chercher, en contournant l’Afrique, la route maritime de l’Inde. Non-seulement une grande partie de son itinéraire était déjà tracée, mais on savait par Pero de Covilham qui, en 1487, s’était rendu par terre sur les lieux afin d’y recueillir des renseignements, « qu’après avoir doublé l’extrémité méridionale de l’Afrique, les navires portugais devaient se diriger, dans l’Océan oriental, sur Madagascar et Sofala. » Le grand navigateur n’hésita pas ; il n’y a nulle incertitude dans sa route : on le voit prolonger la côte d’Afrique jusqu’à la hauteur de Mélinde, puis, à l’aide d’un pilote qu’il se procure à Mozambique, s’enfoncer dans la mer des Indes en suivant une ligne droite qui le conduit à sa destination. Un simple coup d’œil jeté sur la carte itinéraire de son voyage suffit pour dissiper jusqu’à l’ombre d’un doute.

Gama fraya la route aux Cabral, aux d’Acunha, aux d’Albuquerque, à tous ces audacieux marins qui ne se bornèrent pas à découvrir des terres, mais qui fondèrent la domination de leur patrie dans l’Inde sur des bases formidables. En 1503, la côte orientale de l’Afrique était complètement explorée ; Madagascar avait été visitée ; et l’île de Zanzibar, soumise à un tribut. Quelques années plus tard, Goa et Malacca tombaient entre les mains du terrible Albuquerque, et le prestige du nom musulman s’évanouissait pour toujours dans l’extrême Orient. La prise de l’île d’Ormus et celle d’Aden assurèrent bientôt la possession du golfe Persique et de la mer Rouge au Portugais ; alors, le mouvement commercial suivit une direction nouvelle dans ces contrées, et, des mains des Arabes, il passa entre les leurs. Dans l’intervalle d’un siècle, une