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JOURNAL ENCYCLOP.

tragé les loix & leurs organes, vient s’en vanter parmi eux. On en a vu ſe faire gloire, non-ſeulement de leurs délits, mais des actes judiciairee qui les avoient juſtement flétris. Tout ſubalterne renvoyé & calomniateur eſt une victime de ſon patriotiſme ; tout ſoldat ſéditieux & révolté peut leur demander la couronne civique ; tout chef inſulté ou aſſaſſiné a eu tort. Au moment où une horde de rebelles fugitifs, ſecondée de la malveillance des étrangers, ſemble nous annoncer la guerre, ils déſignent les généraux à I’armée eomme des traites dont elle doit ſe défier. Quiconque veut exécuter les loix eſt dénoncé chex eux, & par eux dans les places publiques, & par eux à la barre même de l’Aſſemblée Nationale, comtne mavais citoyen & contre-révolutionnaire.

Il ne laiſſent pas de ſe plaindre auſſi eux-mêmes de l’inexécution des loix. Ce gouvernement, dost chaque jour ils embarraſſent la marche, ils l’accuſent chaque jour de ne point Marcher. Chaque jour ils invoquent la conſtitution & chaque jour leurs diſcours & leur conduite l’outragent, & chaque jour s’élancent da milieu d’eux des eſſaims de pétitionnaires qui vont faire retentir de violentes inepties contre la conſtitution les voutes, mêmes ſous leſquelles la conſtitution a été faite.

Ils reçoivent à la face de la France entiere des députations, qui, comme s’il n’exiftoit ni Aſſemblée légiſlative, ni tribunaux, ni Pouvoir Exécutif, s’adreſſent à eux pour obtenir ou une ioi, ou la reparation de quelque tort, ou un changement d’officiers publics.

Et quand I’indignation & la douleur ſoulevent tous les eſprits, ils crient eux-mêmes plus que perſonne contre les déſordres qu’ils ont faits & qu’ils entretiennent, ils accuſent