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MARS 1792.

bles, & on les y attaque avec une férocité, un acharnement, une mauvaiſe foi, qui les font paroltre innocens.

Là ſe diftribuent les brevets de patriotiſme. Tous les membres, tous les amis de ces congrégations ſont de bons citoyens ; tous les autres ſont des perfides. La ſeule admiſſion dans ce corps, comme le baptême de Conſtantin, lave tous les crimes, efface le ſang & les meurtres. Les monſtres d’Avignon ont trouvé là des amis, des défenſeurs, des jaloux.

Ces ſociétés ſe tenant toutes par la main forment une eſpèce de chaîne électrique autour de la France. Au même inſtant, dans tous les recoins de I’Empire, elles s’agitent enſemble, pouſſent les mêmes cris, impriment les mêmes mouvemens, qu’elles n’avoient certes pas grand peine à prédire d’avance.

Leur turbulente activité a plongé le gouvernement dans une effrayante inertie ; dans les aſſemblées primaires ou llectorales, leurs intrigues, leurs trames obſcures, leurs tumultes ſcandaleux ont fait fuir beaucoup de gens de bien, dont toutefois la faibleſſe eſt très-condaranable, & ont ſali de noms infâmes quelques liſtes de magiſtrats populaires. Partout les juges, lea adminiſtrateurs, tous les officiers publics qui neſfont point leurs agens & leurs créatures, ſont leurs ennemis & en butte à leurs perſecutions. Uſurpateurs même des formes de la puiſſance publique, ici ils ſe tranſportent à un tribunal & en ſuſpendent l’action ; là, ils forcent des municipalité à venir chez eux recevoir leurs ordres ; dans plus d’un lieu ils ont oſé entrer de force chez des citoyens, les fouiller, les juger les condamner, les abſoudre. La rébellion aux autorittés legitimes trouve chez eux protection & appui. Tout homme ſe disant Patriote, & qui a ou-