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ment la veuve Vivot, à Bruyères, dont la plus ancienne édition que nous ayons vue est de 1788.

Nous n’avons aucune donnée historique qui puisse les faire remonter au-delà du commence­ment du 18e siècle. C’est l’époque où François Gautier à Besançon et La Monnaie à Dijon firent paraître leurs recueils de Noëls en patois de leur pays. La popularité qu’ils acquirent rapidement semblerait avoir inspiré dans les pays voisins, surtout dans le sud de la Lorraine, la verve de quelque poète campagnard. Un de nos Noëls même est une traduction en patois vosgien d’un de ceux de Gautier[1]. Cependant nous trouvons dans les autres tant de traces d’un vieux langage perdu ou abandonné aujourd’hui dans nos cam­pagnes que nous sommes tout porté à croire qu’ils pourraient fort bien dater du 16e siècle, où l’on voit partout s’exercer très vivement la veine naïve des poètes rustiques sur la naissance de Jésus. Nous ne sommes encore réduits sur ce point qu’à des conjectures.

Quoiqu’il en soit, il nous faut accepter les Noëls vosgiens tels que nous les ont donnés les imprimeurs, sans indication de date, de lieu, d’auteur et d’origine quelconque. Nous n’avons à nous occuper pour le moment que de la langue qu’ils renferment. Or il n’est pas une édition qui ne soit, je ne dirai pas irréprochable, mais intel­ligible. Les éditeurs dans leur ignorance ou leur

  1. Celui qui commence par ce vers :

    Jasu, qu’j’a lou cœuh transi !