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négligence ont laissé à tel point s’accumuler les fautes que les campagnards mêmes ne pourraient suivre sur un texte aussi corrompu des cantiques qui faisaient les délices de leurs aïeux. Les imprimeurs, en se copiant les uns les autres, n’ont eu évidemment aucun souci soit du texte soit des lecteurs. On dirait que plus ils ont introduit de barbarie, plus ils ont cru faire de patois.

En 1855 il a été publié à Nancy un recueil de Poésies populaires de la Lorraine dans lequel nous retrouvons nos Noëls. La Société d’Archéologie, éditeur responsable de cette publication qui répondait à un décret du ministre de l’intérieur sur la formation d’un recueil des poésies populaires de la France, a mis assurément trop de confiance dans la personne qu’elle a chargée de réunir les Noëls patois et de les livrer à l’impression. Il suffit d’y jeter un simple coup-d’œil pour s’assurer qu’il n’y a ni système orthographique, puisque le même mot, sans changer de prononciation, s’y trouve écrit de plusieurs façons différentes, ni connaissance des dialectes lorrains et des textes, puisqu’il y a des phrases et des mots totalement inintelligibles, ni entente de la prononciation, ni critique ni étude d’aucune sorte, puisque la rime et la mesure des vers n’ont pas servi à leur correction, à leur pureté. Dans le glossaire explicatif qui termine ce petit ouvrage nous avons relevé quarante erreurs flagrantes, sans compter des omissions importantes. Le deuxième Noël de cette édition n’est qu’une traduction informe d’un Noël franc-comtois de Gautier,