Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 16 —

renferment tous l’idée de panier, de coffre d’o­sier.

Benna, cité comme mot gaulois par Festus, veut dire char d’osier. Or, dans les Vosges le mot banne sert encore à désigner un grand char d’osier, en forme de bateau, dans lequel on trans­porte le charbon de bois. Banne, en Normandie est employé dans le sens de tombereau.

Pour ne pas allonger la liste, nous ne citerons plus que les mots patois suivants d’origine cel­tique : lèche, tranche fort mince ; beugne, coup, (vieux français bugne et bigne) ; geline, geraine, poule ; colon, pigeon ; bouchot, bouc ; aria, tra­cas ; brut, bruit ; fau, hêtre ; graffigner, écorcher ; trôler, aller çà et là ; trimer, marcher vite et avec fatigue ; mitan, milieu ; sap, sapin ; seille, jatte ; bique, chèvre ; blaude, blouse ; maie, pé­trin ; ételle, morceau de bois ; triper, fouler aux pieds, murger, tas de pierres, etc., etc.

Le celte a donné autre chose que des mots aux idiomes modernes de notre pays ; il leur a infu­sé quelques-uns de ses caractères propres comme il en a laissé aux populations rustiques de la Lombardie qui furent primitivement gauloises. L’Essai de Biondelli sur les dialectes gallo-italiens nous montre en effet des rapports nombreux, très-frappants avec la langue française et nos patois de l’Est.

C’est à l’influence du gaulois sur le français que nous devons des sons et des procédés qui nous sont particuliers, comme le j et l’u qui nous viennent du kymrique, l’e muet et l’è très ouvert,