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et le t euphonique que nous a légués le gaéli­que, etc. Il est possible toutefois que celui-ci nous vienne du latin. L mouillé est encore un son très probablement kymrique.

Dans la langue celtique une chose fréquente est le déplacement de la voyelle avant ou après l’r, quand cette lettre suit une labiale : Bergentio pour Bregentio. Nos paysans disent encore au­jourd’hui berbis pour brebis, bertelles pour bre­telles, etc.

Ces quelques détails suffiront pour démontrer l’influence incontestable du celtique sur le patois de nos campagnes. Quand on aura mieux étudié les patois, qu’on les aura surtout scientifique­ment comparés, on verra ce qu’il faudra rabattre de prétendues origines latines. Autrement il faudrait prouver que le gaélique écossais, le gaé­lique irlandais, le gallois, l’armoricain qui sont les débris du vieux langage celtique ont admis la langue romaine au partage de leur nationalité. Cela est contraire à la vérité historique. S’ils ont possédé la Bretagne et l’Armorique, les Ro­mains n’ont jamais pénétré dans l’Irlande et dans l’Écosse, et dans ces quatre pays le fonds des langues qui y sont parlées est à peu près resté le même. Si donc elles offrent des rapports nom­breux, quant aux racines, avec le latin et avec le grec, il faut évidemment remonter à une plus haute origine, comme nous l’avons déjà dit, et y retrouver la source commune des langues modernes de l’Europe, sauf une seule peut-être, le basque.