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des exemples. Nous ferons remarquer que chez les Francs cette lettre avait le caractère qu’on lui trouve dans notre patois ; ils prononçaient et on écrivait Hlodowig, Clovis. Cette aspiration devant des consonnes qui ne l’admettent pas en français a persisté dans les Vosges ; ainsi on dira hpoué, geai, hcaviesse, écornure, hcaffe, écosse, hlôïè, glisser, hnatte, éclat de bois, etc. Dira-t-on que cet h est le sch allemand devenu guttural ? Mais il resterait à expliquer comment il a pu devenir si généralement usité. C’est une longue transmission, et non pas une simple influence de voisinage, qui seule a donné à cette articulation remarquable le caractère que nous lui connaissons. La prononciation gauloise a pu, dans un coin plus inaccessible aux révolutions, se maintenir plus facilement à l’aide des articulations analogues à celles des Francs ou des Germains. Cet h du patois vosgien se rapporte en effet tout-à-fait à ce que nous pouvons savoir du signe correspondant ch dans le celtique. Quand une langue s’efface ou disparaît, ce qui persiste le plus c’est la prononciation et le génie grammatical. Nous n’affirmerons point toutefois que cette aspiration soit due à l’influence gauloise. La question est délicate et peu facile à débrouiller ; aussi nous en tenons-nous pour le moment à ne présenter que des analogies et des doutes que d’autres pourront mieux résoudre.

Cet h n’existe pas dans toute la Lorraine, il s’en faut ; il devient ch au fur et à mesure qu’au s’éloigne de la montagne vers le centre de la