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France ; mais il reparaît au nord. Dans le Wallon, par exemple, l’aspiration se retrouve : buisson, buhon, et sur toutes les frontières de la France jusqu’au Rhin. C’est ce que constate la statistique du département de Rhin et Moselle, an XII, en signalant « ces consonnes dures et gutturales, cet accent traînant et pénible qui semblent distinguer les habitants du bord du Rhin, soit qu’ils parlent français, comme dans le Mont-Terrible, soit qu’ils parlent allemand, comme en Alsace. »

Il est un autre son, bien plus caractéristique encore, qui s’entend par toute la Lorraine et qui est dû, on n’en peut douter, à l’influence germanique, la nasale in, dont il impossible de noter la prononciation. Les Francs l’ont importée dans la Lorraine, comme les Saxons en Angleterre, où elle est représentée, ainsi qu’en Allemagne, par ing. Il y a là la preuve d’une antique et longue possession du pays par des populations germaines, qui, ainsi que nous le disions tout-à-l’heure, ont conservé l’énergie originelle de la prononciation. Du reste cette nasale in n’est pas particulière aux Allemands. Les Gaulois la possédaient, puisqu’elle existe dans le dialecte breton, et qu’on la retrouve même au nord de l’Italie ; il ne serait donc pas impossible que le séjour des Francs et les rapports fréquents avec la Germanie aient simplement contribué à maintenir dans une partie de l’Est de la France un son appartenant à une langue antérieure. Mais puisque le reste de la France l’a perdu, tout en conservant les autres nasales, il n’est pas contraire à la vé-