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mots nobles de la société savante et polie. Ce que c’est que les révolutions…… de palais !

Disons-le donc bien haut, les patois sont moins grossiers qu’on ne se l’imagine. Il y en a qui possèdent des poésies pleines d’esprit et de cœur, sinon de hautes pensées. Le messin n a-t-il pas dans son Chan Heurlin un poëme héroï-comique qui ne craint aucune comparaison dans son genre.

Si les Vosges ne sont pas citées dans l’histoire de la littérature patoise, cela tient, non point sans doute à l’absence de toute création poétique mais à un défaut que nous ne craignons pas de signaler ici à nos compatriotes. En général, (j’excepte quelques excellents esprits) ils s’in­téressent trop peu à leur propre histoire et aux traditions locales ; les choses de leur pays, si elles ne touchent pas à leurs intérêts propre­ment dits, semblent ne les arrêter ni les saisir. Leur quasi-indifférence, transmise de génération en génération, a jeté dans l’oubli des hommes et des choses dignes de prix, lorsqu’ailleurs il y a une émulation généreuse à donner à son pays un éclat plus vif par la résurrection du passé et par l’attachement à ce qui l’ennoblit.

C’est ainsi que, pour nous restreindre à notre objet, nous avons perdu sans doute cent mor­ceaux originaux qu’on pourrait peut-être encore recueillir aujourd’hui, si l’on voulait s’en donner la peine, dans les loures ou veillées villageoises, qu’animaient autrefois la danse et les chansons, et dans les fêtes de famille ou de localité. L’his-