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Page:Jouve - L'Essor, loisirs littéraires 1834-09-18.djvu/4

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sois encore discret comme en ce jour ; le temps peut venir que tu n’aies plus besoin de fuir. »

Traduit de l’anglais par M. Br.

Amour.

Ô mon ange, dis-moi de ces doux mots d’amour
qui résonnent au cœur, font palpiter une ame
Et la font tressaillir, et puis en traits de flamme
Viennent s’y graver pour toujours.

Oh ! dis, dis que pour moi sont toutes tes Pensées
que vers moi tout la jour s’élancent tes soupirs,
lorsque livrant ton âme à de vagues désirs,
Tu tiens tes paupières baissées !

Dis que pendant la nuit lorsque vient le sommeil
t’apporter les douceurs fugitives d’un songe
Dis, oh ! dis que c’est moi, dans ce riant mensonge,
Que tu crois voir jusqu’au réveil.

Dis que vers moi ta bouche élance un doux sourire ;
Paſse tes doigts rosés entre mes longs cheveux ;
Sois un ange du ciel descendu pour me dire :
Oui, par moi tu seras heureux.

Puis alors tout à toi, tout ému de bonheur,
Tout délirant d’amour sous tes regards de flamme,
à flots je verserai mon âme dans ton âme,
Comme une ivresse de mon cœur.

À toi je te dirai, mes pensers, mes soupirs,
ma joie et mes douleurs ; puis aussi mes désirs,
mes rêves de bonheur que je fais quand je veille
Et que je fais encor la nuit quand je sommeille.

M. Egal.
Sur l’émancipation
des femmes.

Lorsque tout marche dans notre siècle, lorsque la littérature se débarrasse de ses langes étroits, et la philosophie de son esprit égoïste, lorsque toutes les constitutions s’avancent avec rapidité vers le progrès, la femme seule devait-elle rester en arrière au milieu de cette fermentation générale ? Son âme ardente est sensible ne devait-elle pas rêver un avenir meilleur, un monde nouveau ?

Mais comme dans tous les temps et dans toutes les époques, aussitôt qu’un besoin se fait sentir dans l’humanité ; des hommes paraissent pour être les interprètes de ce besoins, les Saint-Simoniens et les Fourièristes mécontens de l’organisation sociale établie de nos jours, vinrent réclamer pour la femme une place autre que celle qu’elle occupe. Bientôt à la voix de ces hommes se réunirent quelques femmes ardentes pleines d’imagination et de talens. À peine si dans nos provinces, on a ressenti quelque secousse du grand mouvement qui s’opérait à Paris. On ne connait guères les prétentions des femmes que par les plaisanteries plus ou moins ingénieuses, et par les sarcasmes plus ou moins amers qui ont circulé.

Je les ai entendues prêcher dans tous les rangs de la société, réclamer une part que jusqu’alors elles n’avaient pas obtenue ; et j’applaudis de tout mon cœur à cette idée d’émancipation.

Vous nous refusez, s’écriaient-elles, la force, l’énergie, la vigueur, et la profondeur d’esprit, et c’est sur ces