des spectateurs. C’est lui qui abouche les interprètes et les auditeurs : faire voir et faire entendre.
Il organise cette zone, ce lieu géométrique où acteurs actifs et passifs, la scène et la salle se rejoignent, où le spectateur pénètre l’interprète et s’identifie à lui par ses propres qualités d’acteur, et où l’interprète satisfait ce besoin qu’il a de s’éprouver et de se délivrer en se reflétant dans celui qui le regarde et l’écoute ; il organise et utilise l’attention pour une mystérieuse conjugaison, une communion où le mimétisme de l’acteur et celui du spectateur s’équivalent et se satisfont. Entre la salle et la scène, il prévoit et ordonne la réceptivité et l’émission.
Jean Giraudoux, l’auteur de la Guerre de Troie n’aura pas lieu…, dit modestement que l’auteur ne fait pas sa pièce, mais que c’est le public qui la fait avec les éléments que lui fournit l’auteur. « Le public, dit-il, entend et compose à son gré, suivant son imagination et sa sensibilité. » Et il compare une œuvre dramatique à une pièce de faïence que l’on a peinte de couleurs fausses et dont les vraies couleurs et le dessin achevé n’apparaissent qu’après la cuisson ; cette épreuve du feu, c’est l’achèvement par la réalité qu’est le contact avec une audience.
Et en tentant de définir ce rôle du metteur en scène, sur lequel on ne cesserait pas, non plus, d’épiloguer, j’éprouve plus que jamais la vérité de cette affirmation qu’il est plus aisé de bien faire son métier que d’en bien parler.