Page:Jouy - Les Bancs de la promenade, 1893.djvu/11

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lesquels, votent d’acclamation la proposition, du Conseiller roublard.

Le Maire fait revenir le peintre en lettres, lui ordonne d’effacer l’inscription précédente et de la remplacer par la nouvelle : Bancs pour s’asseoir, en belles lettres jaunes.

Le soir, les Bréthisyens s’assoient ; mais en se déshabillant pour se mettre au lit, ils constatent qu’ils ont des lettres jaunes dans le dos, qu’ils s’efforcent, mais en vain, d’enlever. Tous les flacons de benzine qu’on peut trouver à Bréthisy y passent, mais inutilement. Les douze cents âmes se voient contraintes de se repayer des vêtements neufs.

Elles se plaignent au Maire, qui réunit son Conseil municipal et lui expose la situation. Le Conseil municipal, perplexe, se dispute pendant une heure, cherchant, mais en vain, le moyen de faire comprendre aux Bréthisyens que, la peinture n’étant pas sèche, il ne faut pas s’asseoir sur les bancs de la promenade.

« — C’est bien simple, — dit tout à coup le Conseiller roublard, — si on faisait mettre dessus : attendez, avant de vous asseoir, que la peinture soit sèche ?

« — Tiens ! c’est une idée, » répliquent d’une seule voix le Maire et son Conseil municipal, lesquels votent d’acclamation la proposition du Conseiller roublard.

Le Maire fait revenir le peintre en lettres, lui ordonne d’effacer l’inscription précédente et de la