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tionales[1]. Ce seront des jours de fête, surtout le sixième dans les années sextiles ; le premier sera la fête de la vertu, le deuxième celle du génie, le troisième du travail, le quatrième des récompenses, le cinquième, le sixième sera le Sans-culottide par excellence, la fête de l’opinion, sorte de saturnale où chacun fera en toute liberté la satire de tous les hommes publics[2].

Quelques patriotes s’empressèrent de substituer au nom de leur patron celui de la fleur correspondante

  1. Fabre D’Eglantine. Dès la plus haute Antiquité, les Gaulois nos aïeux s’étaient fait honneur de cette dénomination… L’histoire nous apprend qu’une partie de la Gaule, dite ensuite Lyonnaise, était appelée la Gaule culottée, Gallia braccata ; le reste des Gaules jusqu’au bord du Rhin était la Gaule non culottée ; nos pères dès lors étaient donc des Sans-culottes. Quoi qu’il en soit de l’origine de cette dénomination antique ou moderne, illustrée par la liberté, elle doit nous être chère, c’en est assez pour la consacrer solennellement.
  2. Cette fête tout-à-fait originale et parfaitement adaptée au caractère français devait être une espèce de carnaval politique de vingt-quatre heures pendant lequel il serait permis de dire et d’écrire impunément contre tout homme public tout ce qu’il plairait au peuple et aux écrivains d’imaginer. C’était à l’opinion de faire justice de l’opinion même et à tous les magistrats à se défendre par leurs vertus contre les vérités et les calomnies de ce jour. Rien n’était plus grand et plus moral que cette idée. Il ne faut point, parce qu’une destinée plus forte a emporté les pensées et les institutions de cette époque, frapper de ridicule ses vastes et hardies conceptions. Les Romains ne sont pas restés ridicules parce que, le jour du triomphe, le soldat placé derrière le char du triomphateur pouvait dire tout ce que lui suggérait sa haine ou sa gaieté. Thiers. Hist. de la Révol.