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Page:Joyau - La Philosophie en France pendant la Révolution, 1893.djvu/201

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système, c’est d’être exclusivement agricole, alors que toute la France ne l’est pas. De plus il correspond au climat moyen de Paris : dans les diverses provinces, la moisson et les vendanges se font ou plus tôt ou plus tard ; dans quelques-unes, les brouillards et la neige sont exceptionnels ; la saison des pluies n’est pas partout la même. À plus forte raison la Révolution, qui avait la prétention d’être universelle et non pas seulement française, ne pouvait-elle espérer faire adopter ces dénominations dans les autres pays et dans toutes les zones. Quant à la masse de la nation, dont nous avons dit l’ignorance, elle ne pouvait comprendre la valeur scientifique du calendrier républicain ; elle se montra rebelle à se mettre en tête tant de mots nouveaux dont elle ne savait pas l’étymologie. Elle sentit seulement que l’on choquait ses croyances et ses sentiments religieux, au moment où l’on parlait tant de liberté. Il ne s’agissait de rien moins que de bouleverser des habitudes héréditaires et l’on sait que souvent les hommes y tiennent plus qu’à des choses plus sérieuses et plus importantes. C’est un spectacle curieux pour le philosophe que la puissance de résistance et d’inertie que possèdent les coutumes invétérées. Le calendrier républicain ne réussit donc pas à s’imposer et à s’enraciner profondément dans les usages nationaux. Peut-être y fût-il parvenu à la longue, mais les événements politiques mirent bientôt un terme à l’expérience. Lors des négociations pour le Concordat, Bonaparte ne fit pas difficulté de sacrifier le calendrier aux récla-