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nière double de compter avant et après midi. Romme avait proposé que le jour, de minuit à minuit, fût divisé en 10 heures, l’heure en 10 minutes, la minute en 10 secondes. Le musée Carnavalet possède un certain nombre de montres et de pendules décimales[1]. Ce perfectionnement ne put se faire adopter : non seulement il se heurtait contre la force de l’habitude, mais il aurait entrainé la modification de tous les procédés de l’horlogerie.

Ce fut encore l’influence des philosophes et particulièrement de Rousseau qui inspira une des plus curieuses expériences tentées à cette époque, l’organisation d’un grand nombre de fêtes civiles. Rousseau revient souvent sur l’efficacité des fêtes pour l’éducation des enfants et des nations ; cette idée est reprise par les orateurs de l’Assemblée Nationale : l’instruction éclaire et exerce l’esprit, l’éducation nationale doit former les cœurs : il faut pour cela des institutions, c’est-à-dire des fêtes, des cérémonies[2]. Tout le monde avait été frappé de l’enthousiasme soulevé par la fête de la Fédération ; on espérait les résultats les plus féconds de la multiplication des fêtes, C’était l’opinion commune que le seul rassemblement produit par lui-même un effet moral : « Rassemblez les hommes, disait Mirabeau, vous les rendrez meilleurs ; donnez à

  1. L’acte de naissance de M. Thiers, dressé à Marseille le 26 germinal an V (15 avril 1797) porte que l’enfant est né à 2 heures 1 décime.
  2. Voir l’abbé Augustin Sicard. L’éducation morale et civique avant et pendant la Révolution