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VISIONS DE L’INDE

sin asiatique me ravissent. En effet, le « flatman », profitant de ses pieds nus, ne se gêne pas pour envahir ma chambre sans faire autant de bruit qu’un lézard. Ma conviction s’ébranle. Je lui permets l’enquête dans l’hôtel. L’indigène à ceinturon, avec sa moustache européenne, s’en va continuer ses recherches, emportant mon estime, presque mon admiration…


Je prends le breakfast solitaire, car « le globe trotter », mon compagnon, m’a laissé encore pour suivre à cheval le « commissioner » et l’« assistant collecter » qui sont allés dans un village voisin où sévit la peste.

Autour de moi, de gentils oiseaux volètent et picorent, prenant, jusque sur ma nappe, les miettes de mon pain. L’Inde charmante pénètre jusqu’en ces salles à manger, mornes, nues, trop blanches, de plâtre et de linge. Le pacte n’est pas rompu ici entre la nature, les bêtes et l’homme. Nous avons beau manger ces exquises colombes qui tourbillonnent autour des oriflammes et des tridents de Shiva, ces canards, âme sillante des vénéneux étangs assoupis, les faisans qui sont les frissons animés des plaines ; et, ignominie qui indigne les brahmanes ! tuer le bœuf, le buffle elle veau, dont la vie est plus sacrée que celle des