Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE III

La ville révoltée


Lucknow. — Bienfait d’un Français à l’Inde. — Les ruines fleuries. — La courtisane indignée.

I

Lucknow.

Chaque ville de l’Inde a sa physionomie propre. C’est la misère, la peur, le mercantilisme, la vivacité fébrile, qui caractérisent les natifs de Calcutta ; ceux de Bénarès somnolent ou gesticulent, fous de lucre et de mysticisme ; les gens de Lucknow, où je viens d’arriver, sont fiers, honnêtes, presque arrogants.

Là, des flots de sang furent versés pour l’indépendance, au moment de la révolte des Cipayes. Le fanatisme musulman secoua la torpeur indienne, créa des colères inouïes, une répression farouche. Lucknow, la ville révoltée, en garde un cachet sauvage, malgré la belle rivière Goumty, qui multiplie les arbres et les fleurs ; partout, des tombeaux et