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VISIONS DE L’INDE

— Que sont ces femmes ? demande le globetrotter à un de nos suiveurs.

À ce mot de « femmes » (women), le front de l’Hindou se contracte, ses yeux deviennent durs. Il répond par ce seul mot « ladies ». « : Ce sont des dames ! » Mon camarade a fait un impair, son sourire de nargue ne le répare pas. Les hommes chuchotent derrière nous, indignés que nous puissions songer même à leurs courtisanes. Mais les moustaches aiguës de mon compagnon deviennent bravaches, sa canne tournoie dans sa main. Nous ne sommes plus ici à Calcutta, à Bénarès ; ça va mal finir si nous ne partons tout de suite. Il serait dangereux de provoquer cette populace aussi fanatique pour ses dames que pour ses dieux. Frapper une de ces vaches sacrées qui nous frôlent dans cet étroit couloir ou bien insulter une femme, c’est la certitude d’être massacré à l’instant…


Au retour, mon ami entêté dit au cocher de nous conduire au quartier des bayadères. Nous traversons d’autres bazars plus larges, mais aussi populeux. La ville est plus saine que les autres villes de l’Inde. Les rues sont aux enfants. Avec leurs têtes rondes, leurs yeux immenses que le kohl fait artificiels et fabuleux, ils ressemblent à de petits dieux.

Partout, ils bougent, vibrent, crient, tandis que