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VISIONS DE L’INDE


II

Sur les cimes.

À Bravery, dans la fine excitation du thé matinal, je respire l’air de la plaine, l’air tiède encore : « Sab, mettez votre pardessus. Il fera terriblement froid tout à l’heure. » Le maigre Rozian en grelotte d’avance et il m’enveloppe dans des fourrures qui me paraissent hors de saison ; mais je le laisse faire, heureux de cette sollicitude qui me console un peu de mon abandon.

Il est imprudent d’être longtemps servi par un Indien… Revenu en Europe, on ne peut plus supporter d’autres domestiques. Sa subtile servilité vous enveloppe, vous rend esclave à votre tour. Il vous épargne tout souci, surveille vos manies, les cultive, finit par s’interposer entre vous et toutes choses, touche sa commission pour chaque acte de votre vie, les corrige selon son caprice. Je me rappelle un consul étranger à Calcutta qui dut renvoyer son « boy », parce qu’il avait trouvé le moyen de prélever un impôt jusque sur les visiteurs. Les jeunes officiers anglais sont particulièrement entre les mains de ces valets dominateurs. Leurs amours