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VISIONS DE L’INDE

je lui ai dit : « Va ! » C’était mon dernier espoir qui partait… »

Ce brave hôtelier m’a ému. Il ne s’indigne pas contre les siens, il ne récrimine pas contre le sort, il garde sa patience anglo-saxonne. Et je songe qu’ils sont des milliers et des milliers d’Anglais dans son cas, parmi cette Inde, et non pas, comme trop souvent dans nos colonies, le rebut de la nation, mais au contraire sa moelle, silencieusement immolés à leur femme et à leurs fils…

« Vous autres Français, ajoute-t-il, vous avez un sentiment plus exact du bonheur, vous faites peu d’enfants et vous les gardez le plus longtemps possible auprès de vous, avec une femme qui partage votre destin… La vie est courte et vous savez en jouir… »


V

Les deux Démones.

Je descends vers les pagotins des deux déesses au bord du Tal avec le brahmane Bharamb. Comme l’on ne vit plus, même dans l’Inde, en enseignant le « Brahma vidya » (la science divine), cet Hindou de haute caste s’est résigné à devenir un simple