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VISIONS DE L’INDE

s’immoler pour une progéniture sordide et ingrate.

J’entre dans la chapelle toute neuve, trop jeune. C’est l’après-midi, sur le tard déjà. Les murs tout blancs ne connaissent point de tentures, ni les tableaux qui décorent nos vieilles églises. Il n’y a point d’œuvre d’art comme dans nos basiliques ou au fond des antiques sanctuaires l’Hindous. Le voisinage du protestantisme a exagéré l’austérité, qui est aussi une réaction contre la profusion des cultes idolâtriques. — Je vais d’un élan vers l’autel de la Vierge. La statue n’a rien d’esthétique, hélas ! Banale, blanche et bleue : mais ses yeux sont levés vers le ciel, ses mains sont jointes pour la prière, rien de criard ni d’impur ne pèse sur elle, et, seuls, des lis lui sont offerts. Je remarque, étonné, un ruban profane avec une médaille d’or qui pend au cou de la Très-Sainte. Le bon franciscain m’expose que, la décoration qu’il a reçue pour ses services d’Européen, il ne l’a pas gardée ; il l’a offerte à la Vierge. Tel est son ex-voto à lui, ce don de sa seule récompense, cette offrande de son honneur. Cet acte naïf et touchant achève de me dilater le cœur.

Je suis enveloppé ici d’une grande propreté morale

10.