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VISIONS DE L’INDE

belles enfants des montagnes, presque nues, — certaines sont nues tout à fait jusqu’à la ceinture, lavent leurs voiles et ablutionnent leur corps. Rien de ces membres grêles des méridionales dont le sein gonflé sur la poitrine frêle paraît une excroissance difforme. Leur gorge est ample, remplie de sève, offerte à l’amour, prête pour la maternité, telle une fontaine d’utiles délices avide de jaillir. Les hanches s’épanouissent, les reins se cambrent par l’habitude de porter les fardeaux ; les jambes sont musclées et fortes pour avoir escaladé le roc où le pied nu s’accroche comme une main.

Les unes piétinent sur les linges ; d’autres, penchées, frappent du poing avec une telle ardeur que leur tricot se soulève, laisse voir la chair des reins et des flancs qui frissonnent de force. Certaines se détournent nues, pour se rhabiller ruisselantes, et la draperie colle à leur chair, en fait de divines statues.

Mais ce que le marbre ne rendrait pas, c’est le bistre de cette peau, comme cuite par le soleil, la bizarrerie multicolore des pierreries et des colliers, et ces magnifiques chevelures noires qui bougent dans ce désordre chaste de femmes moitié bêtes, moitié nymphes, qui communient avec l’eau éternelle…