Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
VISIONS DE L’INDE


XIII

Nigra sum sed formosa.

Je passe sur les petites terreurs d’une « tonga » attelée de chevaux vicieux qui se ruent vers l’abîme, défendu seulement par un parapet plus bas que le plus petit enfant. Il me semble que les deux Démones de Naini-Tal veulent me poursuivre, haineuses, jusqu’ici. Il faut l’habileté, la force du cocher, la providence spécialement dévolue aux voyageurs, pour, à chaque contour, nous épargner une chute d’une centaine de pieds.

Autour de nous bondissent, agiles, avec un regard inquisiteur, de grands singes blancs, aux poils longs, au visage pareil à un masque ; les graves vautours tiennent des conciliabules sur les rochers ; des chariots passent, traînés par des taureaux doux et formidables.

Ah ! les beaux relais sous l’ombre fraîche, à côté de l’eau tentatrice des sources !

De délicieux enfants nus chassent devant eux des poulains ; et les coolies, les mélancoliques et opiniâtres coolies, presque à quatre pattes, comme des bêtes, sous l’énormité de leur charge, ne re-