Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
VISIONS DE L’INDE

dinaux, et tous conduisent à ce mausolée par des avenues dallées où l’ombre des arbustes est chargée de parfums.

— Sâb, continue le prêtre, vous n’êtes pas ici comme à l’Etmadoullah, chez un aventurier, mais chez le plus grand roi du monde. J’ai lu, dans la bibliothèque de mon père, parmi les manuscrits consacrés au Prophète (béni soit-il), l’histoire d’Alexandre, de Louis XIV, de Napoléon, écrite en anglais… Ce sont des ombres auprès d’Akbar, ce soleil. Depuis Stamboul jusqu’au pays de Kachmyr, les enfants et les femmes eux-mêmes savent sa gloire, il est vénéré dans les déserts de l’Afrique. Il descendait de Tamerlan, c’est lui surtout qui éleva dans Agra, sa capitale, ces colossales et délicates beautés. Il aima toutes les choses grandes, douces, nobles : les batailles, le luxe, les palais, les femmes, les bains, les religions et la magie… Il fit appeler à sa cour les « Padres », les Jésuites, et les combla d’honneurs. Il épousa une chrétienne catholique à qui il permit d’adorer ses images. Il détestait tellement le fanatisme et les persécutions que devant son trône les brahmanes, les muftis, les bonzes du Bouddha, les prêtres de Jésus, pouvaient se disputer à leur aise… mais il les empêchait de se manger le nez… Vous autres qui ne vous croyez pas des barbares, vous n’avez jamais eu de gouvernement