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VISIONS DE L’INDE

et malgré la barbarie des envahisseurs ! Pourtant, je sens toujours entre ces monuments et moi une distance : sans doute la différence des races, le temps écoulé ; et puis le christianisme nous a habitués à une chaleur d’âme qui manque ici totalement. Ici règnent la grâce monotone des conquérants mongols, la noblesse de ceux qui, sur la ruine des superstitions et des idolâtries, s’enivrèrent avec l’unité de Dieu.

Le Dewan-Khas, le Dewan-y-Am (la salle du jugement, la salle d’audience) offrent les témoignages d’une architecture si fleurie de mosaïques et d’arabesques que nos Élysées et nos Hôtels-de-Ville paraissent à côté stupides et mornes. Les arcades sont dentelées comme des corolles. Les pierres précieuses constellent les murs comme s’ils étaient des chairs de reines. La Tour du Jasmin, où s’assemblaient les favorites est, à elle seule, une parure montée dans du marbre.

J’ai évoqué les petites princesses couleur de citron ou de thé, enfouissant leurs rêves de liberté et de caprice, en des pavillons isolés, comme elles cachaient en des trous profonds, où je n’ai plus trouvé que le vide, leurs perles et leurs saphirs…

De là se déroule le plus magnifique spectacle : du haut des minarets du Taj, je n’en ai pas admiré un plus beau. Des îles sortent du sein de la Jumna ;