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VISIONS DE L’INDE

fond de ces niches un croisillon laisse pénétrer une lumière délicate qui baigne l’intérieur, [’ne impression de régularité et de symétrie s’impose à l’œil charmé. Cette masse de marbre semble évidée. Lorsque dans les boutiques d’Agra ou de Delhi, des artistes offrent aux voyageurs des réductions du Taj en ivoire, on se rend compte à l’aspect de ces miniatures, que le tombeau de la Begun n’est qu’un bijou de femme dilaté en magnifique monument par l’orgueil de son époux. L’ensemble repose sur deux terrasses quadrangulaires superposées, de marbre toujours. La seconde est gardée à chaque angle par de sveltes minarets, dont la pointe est soutenue par huit piliers. Quatre frêles colonnes s’encastrent à chaque face du monument et, dépassant le toit-terrasse comme des lances, forment les fleurons d’une gracieuse couronne.

Une perpétuelle pénombre poudroie doucement l’intérieur de cet extraordinaire mausolée. Les murs au dedans sont des merveilles d’art, comme ceux du dehors. Tout un jardin immobile et marmoréen, une flore mi-italienne, mi-indienne s’y incruste avec une noblesse et une beauté un peu triste parce qu’il y manque le parfum. Le jaspe et l’agate ont collaboré avec le marbre noir, pour créer cette végétation aussi morte que les deux tombes oîj s’entrelace une flore artificielle, plus fine