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VISIOINS DE L’INDE

et plus précieuse encore. Elles sont entourées d’une haute grille, merveille de marbre cristallin, dentelle rigide que trouent des portiques élevés au fronton solennel.

Mais c’est au milieu de la chambre souterraine, où l’obscurité pèse jour et nuit, que reposent les impériales reliques, les ossements de Sha-Jahan et de Muntaz-Mahal. Les autres tombes que nous admirâmes précédemment ne sont que des tombes d’apparat. Celles-ci, véridiques, sont particulièrement vénérées des musulmans. Les femmes y prient ; des fleurs fraîches ou déjà flétries laissées là par de pieuses mains les encombrent ; de très vieux parfums séjournent dans l’air, symboles de ces âmes prisonnières du marbre et de la nuit.

… Ce matin, je ne fais qu’entrer un moment sous la coupole ; les deux tombeaux jumeaux s’allongent côte à côte, l’un plus haut, celui du maître, l’autre plus bas, celui de l’épouse. Ma voix est répercutée par l’écho comme si elle était devenue un bourdonnement d’abeilles ; dans la chambre souterraine, où les restes reposent en effet, c’est plus de pénombre encore, comme si le sommeil de l’éternité avait voulu s’envelopper de ces linceuls immatériels…